William Windrestin

Note d’intention et clés de lecture des « Ateliers de l’Olibrius » :

La profondeur des images plates...

J’aime le ridicule d’une situation derrière son apparence.

Tout ce qui nous échappe. Comme un exutoire salutaire à l’ordre nécessaire et parfois dramatique des choses. Mettre en scène des événements que le spectateur cherche à anticiper pour le ramener à une caractéristique très humaine : rire. Rire, comme une erreur dans un parcours… comme une trahison bien organisée de la réalité.

La réalité perçue comme un mirage.

Je souhaite travailler le paysage qui n’est pas vu mais perçu, celui qui forge les esprits.


 

Je me souviens. 

 

Nous sommes en 1974.

Je reviens d’Afrique. Mon père, militaire de carrière, vient surement d’y passer ses plus belles années avant de revenir complètement paumé en France. D’origine Manouche, n’ayant pas connu ses parents, il continue de trainer sa famille (ma mère et moi) en attendant une nouvelle mutation. Et bien sûr, tentation des racines même coupées oblige, c’est du côté de la Vendée où il a grandit, qu’il nous promène. Ce jour là, il a décidé de suivre la côte jusqu’à la Dune du Pilat, pour y retrouver un autre ami milibière…

Je m’en souviens très fort, parce que depuis je ne peux m’empêcher de décaler mon point de vue.

 

Il y avait ce sable brulant, tellement blanc qu’il me faisait fermer les yeux.

Mais il y avait surtout ce bunker.

Il était colossal, monstrueusement incongru. Il n’était pas droit, victime de l’érosion qui avait réussi à le déstabiliser. Aujourd’hui il a disparu, comme mon Père, mais je m’en souviens oui.

On pouvait entrer à l’intérieur.

 

Et tout vient de là, de ces sensations…

Comme si nous marchions penchés, puisque le mastodonte au passé redoutable, était à moitié couché. Rien n’était droit, tout défiait les lois de la gravité. Forcement de mon point de vue, c’était les gens de l’extérieur qui marchaient bizarrement ! Comme si la terre avait basculée avec cette ligne d’horizon tordue qui passait par les meurtrières…

C’est précisément ce que voulait me faire ressentir mon père.

Çà l’amusait de me voir ne plus rien comprendre, me voir perdre et chercher d’autres repères…

 

Alors depuis, je cherche le bunker...

Pour chaque rencontre, chaque lieu, je cherche le paysage invisible, l’autre point de vue…

Cette sensation d’un ailleurs que l’on croit connaître.

Un ailleurs d’où l’on vient …

William Windrestin

Vraie vie

Né en février 69 dans le Calvados… Venant d’une famille de Manouches incultes alcooliques mais au grand cœur, William Windrestin a plutôt grandi dans un univers où le seul disque présent était un double de Julio Eglésias et les livres rangés dans la bibliothèque genre Sélections du Readers Digest… Fils de militaire et de Femme de ménage, il a d’abord passé un bac totalement inutile en dessin industriel, avant de faire dans le désordre plusieurs boulots qui l’ont forcement façonné. Serveur, manutentionnaire, agent de service, brancardier, animateur en milieu scolaire et psychiatrique, formateur en Bande Dessinée, vidéo, sertissage, décorateur professionnel dans l’événementiel, conseiller en cinéma pour une psychologue... Bref, tout çà pour logiquement démissionner régulièrement, finir par faire le tour d’Europe en auto stop et enfin commencer à travailler sur des films...

 

Cinéma, Théâtre

Fanatique depuis tout petit grâce à une mère rêveuse qui améliore sa vie avec les films populaires qu’elle voit, il a très tôt compulsé des notes sur les films qu’il regardait sur la télévision en noir et blanc et à sélecteur. Il enregistrait même les bandes sons avec un magnétophone pour répéter les dialogues.... A Toulouse, dans les bars et à la Fac où il traine ses pompes, il rencontre des réalisateurs de l’ESAV et surtout Alain Guiraudie, qui par la suite le fera débuter comme régisseur et assistant mise en scène. Polémique pendant des heures sur des films du monde entier avec des points de vue très différents… Puis joies de l’intermittence… avant la naissance de sa fille Lila. Depuis 2006, chargé de missions cinéma pour la Région Limousin pour gagner sa croute … il passera à la mise en scène théâtre avant d’enfin s’y coller pour le cinéma et ses propres films en 2009…

 

Bande Dessinée

Parce que pour ses parents, même si les instituteurs précisaient depuis la maternelle ses dons pour le dessin, il était hors de question d’en faire un métier… Cà, comme tout ce qui touche les Arts n’était pas au programme… De façon non totalitaire mais juste comme çà, puisque n’ayant pas connus leurs parents ils se sont faits eux-mêmes en travaillant, et que pour gagner sa vie "il faut travailler" et gnagnagna… "Alors comme tu as la chance de dessiner pas trop mal, un bac dessin industriel (?) ça se rapproche et tu gagneras ta vie, mon fils, dans l’industrie"… Du coup il griffonne et parfois se retrouve publié dans des magazines locaux. La BD, l’espace de création fabuleux à la croisée de tous les médiums, qui lui a permis d’oser commencer à se lâcher.

Quelques dates importantes en vrac

  • 1969/1973 Le Cameroun où il grandit
  • 1974 On enchaine sur le Limousin. Un choc. Il prend les vaches pour des grosses chèvres, ne comprend pas pourquoi les gens sont blancs
  • 1976 Il fait chaud, le sable brule ses pieds et il n’aime pas çà, découverte de la Dune du Pilat
  • 1979 « Série Noire » de Corneau et « Buffet Froid » de Blier vont le façonner
  • 1981/1984 Il enregistre toutes les bandes sons des films qui passent à la télé
  • 1989 Arrête les études stupides pour faire le guignol sous les drapeaux : c’est dur
  • 1991 Largue tout pour faire le tour d’Europe en autostop
    Rencontre avec Florence, avec qui il vit toujours
  • 1995 Rencontre avec Alain Guiraudie (4 films ensemble, une amitié qui dure encore)
  • 1999 Premier tournage cinéma en tant que technicien
  • 2001 Régisseur pour L’A.R.I.A sous la direction de Robin Renucci : il découvre le Théâtre
  • 2002 Naissance de sa fille Lila
  • 2006 Sa première mise en scène Théâtre
  • 2009 Réalisation de son premier film court cinéma / Sélection en Festival
  • 2010 Gros succès sur le Off d’Avignon